« L’Initiative céréalière de la mer Noire est prolongée de 120 jours », a annoncé le gouvernement ukrainien. Une information démentie par la Russie qui évoque un accord à 60 jours. Le point sur l’actualité de ce samedi 18 mars, jour du neuvième anniversaire de l’annexion de la Crimée.
Alors que Vladimir Poutine s’est rendu en Crimée au jour du neuvième anniversaire de l’annexion de cette région, l’Ukraine remerciait la Turquie et l’Onu pour la prolongation de 120 jours de l’accord sur les céréales ukrainiennes. Voici le point sur l’actualité de la guerre en Ukraine de ce samedi 18 mars 2023.
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Un accord sur les céréales ukrainiennes controversé
Objet de tractations depuis plusieurs semaines, la prolongation a été annoncée samedi par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui s’est félicité de l’extension d’un accord « vital pour l’approvisionnement alimentaire mondial », menacé par les conséquences de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022. L’accord devait prendre fin samedi soir. Ni les Nations unies ni Ankara n’ont donné de précisions sur la durée de la prolongation.
C’est le ministre ukrainien des Infrastructures Oleksandr Kubrakov qui, le premier, a affirmé que la prolongation avait été actée pour une période de 120 jours, conformément notamment au souhait des autorités turques.
« L’Initiative céréalière de la mer Noire est prolongée de 120 jours. Nous remercions Antonio Guterres, les Nations unies, le président Recep Tayyip Erdogan, le ministre (turc de la Défense) Hulusi Akar ainsi que tous nos partenaires, d’avoir confirmé cet accord », a-t-il déclaré sur Twitter.
Mais Moscou l’a vite contredit, en assurant que seule une prolongation de 60 jours avait été décidée. « Nous voyons des déclarations des différentes parties selon lesquelles « l’accord des céréales » a été étendu de 120 jours », a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova. « Nous avons plusieurs fois répété que […] la partie russe avait informé l’ensemble des parties prenantes que l’accord était prolongé de 60 jours », a-t-elle ajouté, citée par l’agence russe Interfax.
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Attaque de drones
Plus tôt dans la journée, l’armée de l’air ukrainienne affirmait que l’Ukraine, notamment la région de Lviv à l’Ouest, a été la cible d’une attaque nocturne de drones de fabrication iranienne.
La Russie, qui a lancé une invasion de l’Ukraine il y a un peu plus d’un an, pilonne régulièrement les infrastructures du pays, privant la population d’électricité et d’eau.
« Vers 21h le 17 mars 2023, les envahisseurs russes ont attaqué l’Ukraine avec des drones d’attaque kamikaze de fabrication iranienne de type Shahed-136/131 », selon un communiqué diffusé sur Telegram. Onze drones sur 16 ont été « détruits », a assuré l’armée.
Les attaques ont été lancées depuis la mer d’Azov et depuis la région russe de Bryansk, qui borde l’Ukraine au nord, a-t-elle ajouté.
La région de Lviv (ouest), a été particulièrement visée. « Vers 1h du matin, notre région a été attaquée par des drones kamikazes de type Shahed 136 », a déclaré le gouverneur régional, Maksym Kozytski.
Vladimir Poutine en Crimée
Ce samedi 18 mars marquait également le jour du neuvième anniversaire de l’annexion de la Crimée par la Russie. À cette occasion, le président russe Vladimir Poutine a effectué un déplacement surprise dans la région, au lendemain de l’émission d’un mandat d’arrêt international à son encontre.
Il s’agit du premier voyage du maître du Kremlin en Crimée depuis le déclenchement de l’offensive russe en Ukraine le 24 février 2022, qui a valu à la Russie une série de sévères sanctions internationales, ajoutées à celles déjà imposées suite à l’annexion de 2014.
Arrivé à Sébastopol, port d’attache de la flotte russe de la mer Noire en Crimée, Vladimir Poutine a notamment assisté à la cérémonie d’inauguration d’une école des arts pour enfants en compagnie du gouverneur local, Mikhaïl Razvojaïev, selon les images diffusées par la chaîne de télévision publique Rossia-1.
Cette ville n’étant située qu’à environ 240 km de Kherson, une cité méridionale ukrainienne reprise par l’armée de Kiev en novembre après le retrait des forces russes, ce déplacement de Vladimir Poutine est aussi le premier effectué dans un endroit si proche de la ligne de front. « Notre président Vladimir Vladimirovitch Poutine sait surprendre. Dans le bon sens de ce mot », a écrit sur Telegram Mikhaïl Razvojaïev.
Selon lui, une école des arts pour enfants devait être inaugurée samedi avec une participation du dirigeant russe par visioconférence.
« Journée historique »
« Mais Vladimir Vladimirovitch est venu en personne. Lui-même. Au volant. Parce que lors d’une journée historique comme aujourd’hui, il est toujours avec Sébastopol et ses habitants », a affirmé Mikhaïl Razvojaïev.
La Russie a annexé la Crimée le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum non reconnu par Kiev et la communauté internationale.
Si le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé en janvier qu’il entendait reprendre la Crimée – « notre terre » – avec des armes, Moscou ne cesse de marteler que la « Crimée est russe », en refusant d’en faire l’objet d’éventuelles négociations de paix.
Vladimir Poutine, dont la dernière visite en Crimée remonte à novembre 2021, est visé depuis vendredi par un mandat d’arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crime de guerre de « déportation illégale » d’enfants ukrainiens.
Manifestations pro-Kremlin
Toujours dans le cadre de cet anniversaire de l’annexion de la Crimée, des militants pro-Kremlin ont protesté samedi à Moscou devant les ambassades de 20 pays considérés par la Russie comme « inamicaux », à l’occasion du neuvième anniversaire de l’annexion de la Crimée, a indiqué un mouvement de jeunesse.
Ces pays, parmi lesquels les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, « soutiennent l’Ukraine […] et livrent de manière active des armes létales au régime ukrainien », a expliqué le mouvement « Molodaïa gvardia » ( » La Jeune Garde ») dans un communiqué.
« À l’aide de ces armes létales, il est prévu par le plan de (président ukrainien Volodymyr) Zelensky et de (président américain Joe) Biden de reprendre la Crimée » aux Russes, a assuré le président du mouvement, Anton Demidov, lors d’une manifestation devant l’ambassade des États-Unis.
Le rassemblement devant l’ambassade américaine a réuni environ 400 militants qui brandissaient des pancartes sur lesquelles l’on pouvait lire « Les États-Unis, vous semez la mort », « La Crimée avec la Russie pour toujours ». Ils étaient environ 200 devant l’ambassade britannique, selon un journaliste de l’AFP. Les militants pro-Kremlin étaient 5 000 en tout, selon le mouvement.
Frappes russes à Kramatorsk
Toujours ce samedi, deux personnes ont été tuées et huit blessées par des frappes russes avec « des armes à sous-munitions » à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, a annoncé le maire de la ville.
« La Russie continue de faire régner la terreur. Conséquences du bombardement de Kramatorsk avec des armes à sous-munitions : 2 personnes ont été tuées et 8 blessées, dont 3 grièvement », a indiqué le maire Alexander Gontcharenko, sur sa page Facebook.
Une douzaine de bâtiments résidentiels et 14 équipements municipaux ont été endommagés, a-t-il précisé.
Des journalistes de l’AFP ont entendu une dizaine d’explosions quasi-simultanées peu avant 16h et vu de la fumée s’élever dans un parc dans le sud de la ville.
Peu après, une autre dizaine d’explosions du même type a été entendue dans un quartier d’habitations à environ 2 km de la première frappe.
Dans le parc, une femme est décédée sur place des suites de ses blessures causées par des éclats de munitions.
Dans le quartier d’habitation, une chauffeuse de taxi a été grièvement blessée.
Le pape et les réfugiés d’Ukraine
Enfin, le pape François a souhaité la bienvenue samedi à des milliers de réfugiés acheminés en Europe par des organisations chrétiennes grâce à des couloirs humanitaires, en reconnaissant leur souhait de « vivre libérés de la peur et de l’insécurité ».
Lors d’une audience à la salle Paul VI au Vatican, le pape, 86 ans, a remercié les organisations ayant aidé les réfugiés, soulignant que l’accueil représente « le premier pas vers la paix ». Ont été reçus de nombreux réfugiés parmi les 6 000 qui ont pu parvenir en Europe grâce à des « couloirs humanitaires » mis en place par des organisations chrétiennes depuis 2016.
Ce dispositif, initié par la communauté catholique Sant’Egidio en Italie puis repris en France et en Belgique, a concerné des réfugiés de Syrie, d’Irak, d’Afghanistan, de Somalie, du Soudan du Sud, de Libye et d’Ukraine.
« Chacun d’entre vous mérite de l’attention pour la difficile histoire que vous avez vécue », a déclaré le pape aux réfugiés. « Vous avez montré une ferme volonté de vivre libérés de la peur et de l’insécurité ».
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