Des milliers de personnes ont manifesté samedi 6 juillet à Barcelone contre le surtourisme dans la capitale de la Catalogne. En Espagne, deuxième destination touristique mondiale, la colère monte.
En mai et juin, dans les rues de Palma de Majorque, Malaga ou des Canaries, les habitants ont déjà marché pour témoigner de leur ras le bol. À Barcelone, samedi, ils étaient quelque 2 800 selon la police, 20 000 selon les organisateurs à dire aussi « basta » (assez) au tourisme de masse.
La manifestation s'est élancée de la fameuse Rambla, symbole de la ville, pour gagner Port Vell puis la Barceloneta. Au même moment, plusieurs centaines de personnes manifestaient à Gérone, autre grande ville de Catalogne, dont le vieux quartier médiéval, le Barri vell, et le ghetto juif, le Call Jueu, sont des attractions touristiques.
« Nous n'avons rien contre le tourisme, mais contre l'excès de tourisme, si, parce qu'il rend la ville invivable », explique Jordi Guiu, sociologue barcelonais de 70 ans, interrogé dans la manifestation de la capitale catalane par l'Agence France presse.
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Illustration concrète des effets négatifs du tourisme pour les habitants : les transports en commun devenus inaccessibles. Mais depuis que la mairie de Barcelone a demandé à Google Maps de supprimer le bus 116 de son application, Reyes Presas peut de nouveau s'asseoir sans problème. Désormais, pour monter jusqu'au parc Güell, perle du quartier de La Salut, sur les hauteurs de la ville, les touristes marchent... et les habitants, eux, ont retrouvé leur bus. « C'était dramatique. Je suis restée sur le trottoir plus d'une fois parce que je voulais monter mais le chauffeur n'ouvrait même pas la porte parce qu'il n'y avait plus de place pour nous, les habitants », raconte la retraitée au micro de notre correspondante, Elise Gazengel.
D'une capacité de 22 places, ce mini-bus est spécialement pensé pour les rues pentues et escarpées du quartier de La Salut. Pour récupérer leur moyen de transport, les habitants ont organisé des manifestations jusqu'à ce que la mairie agisse. Dolors Atanet, qui a manifesté, tient à préciser : « Mais on est pas contre les touristes ! C'est contre la massification ! Parce que ça c'est un bus de quartier pour les personnes âgées, les enfants et, évidemment, avec tant de touristes.. c'était le chaos total ! »
Mais le tourisme de masse continue à cristalliser les tensions entre visiteurs et barcelonais qui réclament une décroissance touristique, alors Barcelone a accueilli l'année dernière plus de 12 millions de touristes, selon la municipalité.
Les détracteurs du surtourisme dénoncent principalement son effet sur le prix du logement - les loyers ont augmenté de 68% au cours de la dernière décennie, selon la mairie -, mais aussi ses conséquences délétères sur les commerces locaux, les bars et restaurants, l'environnement ou les conditions de travail des employés locaux. Pour faciliter l'accès au logement des habitants, la mairie a récemment annoncé vouloir mettre un terme à la location d'appartements touristiques d'ici à 2029.
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2024-07-07T04:49:03Z