« Ils volent nos enfants pour financer des réductions d’impôts pour les milliardaires. » Comme nombre d’élus démocrates, de syndicats d’enseignants et de parents, Greg César, membre du parti Démocrate, est en colère. Sa réaction, sur X, fait suite à l’annonce de la suppression de près de la moitié des postes au ministère états-unien de l’Éducation, mardi 11 mars. La diminution des effectifs est drastique : le ministère, créé en 1979, passe de 4 100 à environ 2 200 postes. Les employés du Département de l’Éducation concernés seront placés en congé administratif à partir du 21 mars, a indiqué le département.
La ministre de l’éducation, Linda McMahon, a affirmé sur la chaîne ouvertement conservatrice Fox News que le président souhaitait seulement « supprimer la bureaucratie de l’éducation », ajoutant que la réussite de son travail consisterait à se mettre « [elle] même au chômage ». Lundi 10 mars, la ministre avait écrit à 60 universités pour les avertir qu’elles faisaient l’objet d’enquêtes pour de supposées violations du Civil Rights Act en raison de protestations contre « la guerre d’Israël sur Gaza », qualifiées par l’administration Trump de « harcèlement antisémite et discrimination » à l’encontre des étudiants juifs. L’étudiant Mahmoud Khalil avait été arrêté par les autorités fédérales, la veille.
Si elle révolte certains élus démocrates, cette baisse drastique des effectifs au sein du ministère de l’Éducation ne surprend pas pour autant. La détestation du système éducatif états-unien fait partie intégrante de son programme. Avant même son arrivée à la Maison blanche, Trump s’opposait, pendant sa campagne, aux programmes éducatifs jugés « trop progressistes », notamment ceux traitant du changement climatique, de la diversité et de l’inclusion.
L’administration Trump avait notamment ordonné de faire disparaître 200 mots des documents et sites web officiels, révélés par le New York Times le 7 mars dernier, parmi lesquels « antiracisme », « transgenre » ou encore « qualité environnementale ». Dans la même veine, 4 239 livres ont été bannis des écoles américaines, parmi lesquels Dune, de Frank Herbert ou 1984, de George Orwell.
Même dynamique côté budget : l’initiative de résistance mondiale « Stand up for science » a vu le jour en réaction aux coupes budgétaires dans le domaine de la recherche scientifique imposées par Donald Trump. Fervent opposant à l’école publique, il soutient la réduction des financements fédéraux pour l’éducation, avançant que le gouvernement fédéral ne devrait pas être autant impliqué dans les affaires des écoles locales.
Le début de la fin pour le ministère de l’Éducation ? Certes, la division des effectifs par deux est inquiétante, mais le ministère de l’Éducation ne peut être totalement démantelé sans l’adoption d’une loi nécessitant 60 votes au Sénat. Les Républicains, parti de Donald Trump, disposent actuellement de 53 sièges.
Aux États-Unis, la gestion des écoles et la création des programmes éducatifs sont de la responsabilité des autorités locales et des États. L’État fédéral, lui, ne joue qu’un rôle limité dans le financement et l’organisation de l’éducation. À voir, donc, selon la couleur politique de chaque État, si les programmes éducatifs survivront à l’idéologie trumpiste.
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