NUCLéAIRE : APRèS LA LETTRE DE DONALD TRUMP, L’AYATOLLAH KHAMENEI JUGE QUE WASHINGTON « NE LèVERA PAS LES SANCTIONS »

En 2018, Donald Trump avait déchiré l’accord international sur le nucléaire iranien. Depuis son retour en janvier à la Maison Blanche, le président américain se dit prêt au dialogue avec Téhéran pour un « deal » sur le nucléaire, et a révélé avoir écrit une lettre en ce sens aux dirigeants iraniens, avertissant de possibles actions militaires en cas de refus de l’Iran.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a reçu mercredi cette lettre, remise à Téhéran par un haut diplomate émirati, Anwar Gargash, selon les médias iraniens. Dans le même temps, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a qualifié d’« imprudentes » les menaces américaines, et affirmé que des discussions avec Washington « ne lèver (aint) pas les sanctions ».

« L’Iran n’est pas disposé à négocier »

Il a réitéré que l’Iran « ne cherchait pas » à se doter de l’arme nucléaire, et jugé que l’invitation américaine à des pourparlers visait à « tromper l’opinion publique mondiale » en prétendant montrer que les États-Unis « veulent négocier (…) mais que l’Iran n’est pas disposé à le faire ».

Donald Trump a rétabli sa politique dite de « pression maximale » à l’encontre de l’Iran, avec de nouvelles sanctions contre son secteur pétrolier, et menacé d’un recours à la force. Le président américain est perçu avec une profonde méfiance par le pouvoir iranien depuis son retrait avec fracas en 2018 de l’accord international sur le nucléaire conclu par la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Russie et la Chine avec l’Iran en 2015 à Vienne ; « le pire accord jamais négocié » par son prédécesseur Barack Obama, selon Donald. Trump.

Le texte prévoyait une levée de certaines sanctions et le retour en Iran d’investissements occidentaux en échange d’un contrôle accru des activités nucléaires du pays.

L’économie iranienne ne s’en est jamais remise

L’Iran respectait ses engagements selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) mais l’accord a volé en éclats, les sanctions américaines ont été rétablies et l’économie iranienne ne s’en est jamais remise, avec depuis une hyperinflation à deux chiffres et une dépréciation continue de la monnaie nationale face au dollar.

Selon le Centre iranien des statistiques, un organisme officiel, les prix en février ont ainsi augmenté de plus de 36 % sur un an, tandis qu’un dollar s’échange au marché noir à près de 930 000 rials, proche d’un record. « Il est impossible de sortir de ces difficultés économiques sans négocier avec l’Occident une levée des sanctions », indique à l’AFP Ali Bigdeli, professeur en relations internationales à l’Université Shahid Beheshti de Téhéran.

« Chaque camp veut négocier en position de force »

L’ayatollah Ali Khamenei, qui a le dernier mot sur toutes les décisions stratégiques, avait exhorté en février le gouvernement à « ne pas négocier » avec l’administration Trump, après l’amère expérience de l’accord non respecté.

Pour Rahman Ghahremanpour, expert en politique étrangère, les dirigeants des deux camps entendent surtout afficher leur volonté de négocier « en position de force » auprès de leur opinion publique. « L’Iran semble prêt à des négociations limitées » mais uniquement sur son programme nucléaire, estime cet expert. Les pays occidentaux soupçonnent depuis des décennies l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que Téhéran conteste vigoureusement. L’Iran défend un droit au nucléaire à des fins civiles, notamment pour l’énergie.

Une attaque contre l’Iran « mettrait le Moyen-Orient à feu et à sang »

En revanche, pas question d’élargir les négociations à ses missiles balistiques, perçus comme une menace directe à Israël, ni son soutien militaire à « l’axe de la résistance », une alliance informelle de groupes armés dont le Hezbollah au Liban fait partie. « Qui peut accepter ça ? », a feint de s’interroger samedi dans un discours Ali Khamenei.

En cas d’échec de la diplomatie, « la possibilité d’une attaque militaire d’Israël ou des États-Unis contre l’Iran est quasiment nulle », estime Ali Bigdeli. Car « cette guerre mettrait le Moyen-Orient à feu et à sang ».

Une attaque contre des sites nucléaires en Iran contaminerait et priverait d’eau les pays voisins du Golfe, a récemment mis en garde le Premier ministre qatari, cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, dont le pays abrite la plus grande base militaire des États-Unis au Moyen-Orient.

2025-03-12T19:09:09Z