« L'étape des murs » de Paris-Nice, comme elle est présentée, se tiendra jeudi, entre Saint-Just-en-Chevalet et La Côte-Saint-André, conclue par une montée inédite de la côte de Notre-Dame-de-Sciez. Décryptage d'un juge de paix annoncé spectaculaire.
La Côte-Saint-André ne sera pas une arrivée inédite sur Paris-Nice. Ce jeudi, la petite ville iséroise, lieu de naissance du compositeur Hector Berlioz, conclura la 5e étape de Paris-Nice, comme en 2020. Mais contrairement à Nicolas Bonifazio il y a 5 ans, ce ne sera pas un coureur aux grosses cuisses qui s'imposera. « À l'époque, on cherchait une étape pour sprinteurs, mais on était quand même allés voir cette chapelle, explique Yannick Talabardon, directeur de Paris-Nice. Cette année, on est retournés la voir, on a vu que l'arrivée était faisable, donc on a construit toute l'étape à partir de là. » Un final comme une classique, avec une répétition de difficultés qui vont user le peloton.
L'approche : « Un parcours compliqué »
Commençons par le commencement. Cette 5e étape, au départ de Saint-Just-en-Chevalet, est longue (203,3 km, deuxième plus longue derrière les 209,8 km de la 6e étape, destinée aux sprinteurs) et se découpe en deux parties. Une première, de 150 gros kilomètres, où l'échappée devrait se former, prendre un peu de champ et avaler deux premières montées (voir profil ci-dessous). Puis la seconde, où les choses sérieuses vont commencer.
« J'ai essayé de ratisser tout le coin pour trouver des côtes aussi raides et donner ce côté étape des murs, poursuit l'ancien coureur du Crédit Agricole. Dans les cinquante derniers kilomètres, on aura cinq côtes, quatre avant l'arrivée à la Côte-Saint-André, des murs de 10-12 % de moyenne à chaque fois, donc quelque chose de très sympa. »
Aurélien Paret-Peintre a reconnu l'essentiel de l'étape il y a une dizaine de jours et découvert « un parcours compliqué. C'est tracé de telle sorte qu'on roule sur une belle route départementale et, de temps en temps, on la quitte pour monter un chemin de chèvre sur la gauche, puis on redescend sur la route quelques kilomètres plus loin. » De quoi déjà limer quelques paires de jambes, surtout au lendemain d'une journée glaciale vers la Loge des Gardes, et emmener « un groupe de 40 à 60 coureurs » vers la montée finale, explique le grimpeur-puncheur de Decathlon-AG2R La Mondiale, 19e du général avant cette 5e étape.
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L'ascension : « Un petit morceau de bravoure »
Organisateur de l'Alpes Isère Tour, Michel Baup connaît bien la côte de Notre-Dame-de-Sciez, où la course est passée plusieurs fois. Il évoque « un petit moment de bravoure, une petite route raide et étroite qui se lève d'un seul coup ». Clément Russo, aujourd'hui chez Groupama-FDJ, avait participé à l'édition 2015, qui y était passée avant de se conclure à Charvieu-Chavagneux, et garde le souvenir « de quelque chose de très dur, très raide. L'approche est assez bonne mais ensuite, ce sont des petites routes, un peu tortueuses. Il y a un virage à gauche et la montée commence direct. »
Les premiers hectomètres sont gérables, « une belle route à 4-5 % » d'après Paret-Peintre. « Une grande route qui se rétrécit de plus en plus », appuie Talabardon. Jusqu'à la flamme rouge, où, cette fois, ce sera terrible. « Un tout petit chemin vraiment raide, je pense autour de 14 %, reprend Paret-Peintre. Il n'y a pas d'épingle, c'est toujours tout droit, jusqu'à un replat d'une vingtaine de mètres avant la chapelle. » Où, comme sur la Flèche Wallonne, les coureurs arriveront probablement au compte-goutte. « Pour moi, c'est encore plus difficile que le mur de Huy », promet le directeur de la course, en référence à la montée finale de l'épreuve belge.
La stratégie : « Il faudra être patient »
Le coureur de Decathlon-AG2R La Mondiale valide aussi la comparaison avec Huy. Et imagine ainsi une stratégie assez semblable à l'arrivée en Belgique. « Ça va se jouer dans les 200, 300 derniers mètres, juge le Haut-Savoyard. Avant, c'est vraiment raide, ça va être difficile de partir de loin. Il faudra être patient. Le placement est important, car si des mecs devant toi calent, ça peut vite être en zigzag pour les dépasser. Si tu es bien placé au moment d'arriver sur la petite route, où il y aura, je pense, trois coureurs de front, tu resteras bien placé jusqu'à ce que les hostilités se lancent. »
Une attaque tardive donc, qui fait dire au vainqueur d'étape du Giro qu'il n'y aura pas d'énormes écarts entre favoris. Quant au gagnant potentiel, un nom revient souvent : celui de Julian Alaphilippe (Tudor), triple vainqueur de la Flèche Wallonne, déjà vu en jambes et qui a déjà dit viser une victoire d'étape cette semaine. Le menu du jour a tout pour lui plaire.
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2025-03-13T06:46:17Z